Depuis sa création en 1945, l’École nationale d’administration (ENA) s’est imposée comme le principal vivier de hauts fonctionnaires français, un symbole d'excellence au service de l’État. Cependant, avec l’évolution rapide de la société et la complexité croissante des enjeux contemporains, une réforme en profondeur a été entreprise en 2021, transformant l'ENA en Institut national du service public (INSP). Cette réforme, annoncée par le président Emmanuel Macron, avait pour objectif de rendre la fonction publique plus accessible et mieux équipée pour relever les défis actuels et futurs. En diversifiant les profils et en mettant l’accent sur des compétences transversales, l’INSP entend moderniser les méthodes de sélection pour former des cadres adaptés aux besoins de la société moderne.
La transition de l’ENA à l’INSP s’inscrit dans un processus de démocratisation et de professionnalisation des concours. Là où l’ENA se concentrait traditionnellement sur une approche académique stricte, l’INSP a mis en place une série d’épreuves visant à évaluer non seulement les compétences théoriques, mais également des qualités humaines et pratiques indispensables à des postes de direction. Avec des épreuves qui testent la capacité d’adaptation, la coopération et le sens critique, l’INSP cherche à faire émerger une génération de hauts fonctionnaires capables de naviguer dans un environnement administratif de plus en plus complexe et interconnecté.
I. Les nouvelles épreuves : une évaluation élargie et pragmatique
Dans le cadre de cette refonte, le concours de l’INSP propose une série d'épreuves innovantes qui dépassent le cadre purement académique. Ces épreuves visent à évaluer la capacité des candidats à exercer leurs fonctions dans des contextes concrets et à gérer des situations exigeantes.
- Épreuve de mise en situation professionnelle : À travers cette épreuve, les candidats sont confrontés à des scénarios administratifs réalistes et complexes. Cette évaluation permet de mesurer leur leadership, leur capacité à prendre des décisions rapides et efficaces, et leur aptitude à faire face aux aléas et aux soubresauts typiques de l’administration française. Par exemple, ils peuvent être mis dans une situation de gestion de crise pour évaluer leur aptitude à réagir sous pression et à coordonner les services concernés.
- Épreuve de culture générale contemporaine : Destinée à tester le sens critique des candidats, cette épreuve aborde des enjeux sociaux et internationaux actuels, comme les défis de la transition écologique, les inégalités sociales, ou encore les questions de sécurité globale. L’objectif est de sélectionner des profils possédant une vue d’ensemble des grands enjeux contemporains, favorisant une pensée critique et la capacité de synthèse.
- Épreuve de langue vivante étrangère : Dans un monde de plus en plus globalisé, cette épreuve permet d’évaluer les compétences linguistiques des candidats, particulièrement en anglais, mais également dans d'autres langues en fonction des parcours. Cela favorise l’internationalisation des hauts fonctionnaires, leur permettant de travailler aisément avec des interlocuteurs étrangers.
- Entretien de personnalité et épreuve collective de coopération : Au-delà des compétences techniques, les qualités humaines sont au cœur des exigences de l’INSP. L’entretien de personnalité évalue la motivation et la capacité à gérer le stress des candidats, tandis que l’épreuve collective mesure leur aptitude à collaborer et à coordonner les actions en groupe. Ce sont des qualités cruciales pour des postes de direction qui requièrent de fédérer et de motiver des équipes.
Ces nouvelles épreuves démontrent l'engagement de l’INSP pour une évaluation plus pragmatique, où le savoir-faire théorique est complété par des compétences pratiques et managériales.
I. La réforme de 2024 : des voies de concours diversifiées
Pour mieux répondre aux spécificités des parcours professionnels et aux besoins de la fonction publique, la réforme de 2024 introduit deux grandes voies de concours : la voie générale et la voie Orient, chacune subdivisée en concours externe, interne, et un troisième concours pour les professionnels du secteur privé et les élus locaux.
A) La voie générale : une formation ancrée dans les réalités nationales
La voie générale s’adresse aux candidats souhaitant travailler au sein de l’administration française. Elle inclut trois concours distincts selon les profils :
1. Concours externe : Ouvert aux nouveaux diplômés, il inclut des épreuves d’admissibilité centrées sur les réflexions stratégiques et opérationnelles. Les candidats passent notamment une note de réflexion et des notes opérationnelles sur des problématiques économiques et de droit public, complétées par un cas pratique axé sur les transitions écologique et numérique. À l’admission, l’entretien et la mise en situation collective permettent de mesurer leur aptitude à intégrer des équipes de haut niveau.
2. Concours interne : Destiné aux agents de la fonction publique ayant au moins quatre ans d’ancienneté, il évalue les compétences de ces candidats expérimentés sur des cas pratiques managériaux et organisationnels. Les épreuves sont conçues pour refléter des situations auxquelles ils sont déjà familiers, offrant ainsi une évaluation ciblée de leurs compétences professionnelles.
3. 3ème concours : Ouvert aux profils issus du secteur privé ou aux élus locaux ayant au moins six ans d’expérience, ce concours valorise l’expérience professionnelle et la capacité à transposer des compétences acquises hors de l’administration. Les épreuves d’admissibilité et d’admission, similaires à celles du concours interne, sont cependant adaptées pour valoriser la diversité des parcours.
B) La voie Orient : une perspective internationale renforcée
La voie Orient est dédiée aux candidats issus de régions géopolitiques spécifiques, telles que l’Europe orientale, l’Asie, le Maghreb et le Moyen-Orient. Elle offre une série d’épreuves distinctes adaptées aux profils internationaux, renforçant les compétences linguistiques et diplomatiques.
1. Concours externe Orient : Les épreuves d’admissibilité incluent une note de réflexion sur les enjeux contemporains, des QRC en anglais et une autre langue étrangère choisie, permettant aux candidats de montrer leur maîtrise des langues étrangères. À l’admission, les candidats passent un entretien, une mise en situation collective, et des examens dans les langues de leur choix, leur offrant une préparation internationale renforcée.
2. Concours interne Orient : Ce concours, ouvert aux fonctionnaires des pays partenaires de la France, inclut des cas pratiques diplomatiques en anglais et dans une langue étrangère, adaptés aux enjeux managériaux et consulaires propres à leurs réalités.
3. 3ème concours Orient : Pour des candidats du secteur privé ou des élus ayant une expérience significative, ce concours permet de mettre en avant leurs compétences dans un contexte international.
En diversifiant les épreuves et en adaptant les parcours pour accueillir des profils variés, l’INSP montre sa volonté de renouveler le recrutement au sein de la haute fonction publique française. Cette réforme ne se limite pas à une modernisation des concours ; elle est aussi le reflet d'une ambition plus large d’un service public qui saura répondre et s'adapter aux attentes de la société actuelle.